Des pâturages paisibles aux villas remarquables
Les activités agricoles sur l’île sont en fait très anciennes. Sous l’Ancien Régime, les îles de la Seine situées dans les plaines alluviales avaient la réputation de fournir une bonne prairie aux animaux.
Très tôt se sont donc développées des transhumances entre les villages et les îles. En 1850, la vaine pâture était encore pratiquée sur les îles de la Seine. Les règlements précisaient que les troupeaux étaient gardés par un pâtre payé par la communauté des paysans. L’intérêt des îles était notamment que les animaux pouvaient pâturer en commun sans être surveillés dans la mesure où ils ne pouvaient guère dépasser la délimitation naturelle des lieux.
Le tournant des années 1865
Aux alentours des années 1865, les propriétaires commencent à revendiquer leurs terrains et à contester cette pratique communautaire. L’île de Migneaux n’échappe pas au mouvement et les cartes de l’époque nous montrent que l’île est déjà très parcellisée. En 1870, la vaine pâture n’existe plus dans les îles de la Seine.
Parallèlement à cette pratique de la vaine pâture, la présence du marché aux bestiaux de Poissy a rendu l’île de Migneaux attractive. Ce marché s’étant arrêté vers 1880, les terrains appartenant aux bouchers ont été vendus, notamment à des industriels de Paris. Ce n’est pas pour autant la fin de l’agriculture sur l’île, bien au contraire.
De la pâture à la Ferme
A la fin du XIXe siècle, un bâtiment de ferme est construit, c’est la fameuse « ferme » de l’île. Nous pouvons encore apercevoir ce bâtiment au 47 ter. Dans les années 1920, on constate la présence de plusieurs activités agricoles sur l’île : l’exploitation de la ferme au centre de l’île et la production de lait à l’extrémité ouest. En 1942, certains champs furent transformés en potagers avec plantations d’arbres fruitiers.
A la même époque, il s’effectue dans l’une des propriétés de l’île des démonstrations de tracteurs agricoles, par la maison Ford, au travers d’une école d’apprentissage.
L’île du laitier
La seconde activité agricole de l’île concerne la production de lait. On trouve ainsi trace d’un monsieur Mercier, un « laitier nourrisseur installé à Carrières-sous-Poissy, dont la quinzaine de vaches hollandaises et normandes paissait « au bout de l’île », la partie proche de l’île de Villennes, aux numéros actuels 76 à 80, des années 1914 jusque dans les années 1950.
Fin d’une époque
En 1951, les terrains sont vendus à un avoué parisien et la location des terres se termine. La vente du lait continuera encore quelques années pour s’achever vers 1955. La qualité de ce lait frais reste encore très vivace dans les souvenirs de nombreux pisciacais. Dans le cadre de leurs activités, le laitier et le fermier travaillaient souvent en commun et s’entraidaient. Les activités agricoles de l’île se sont arrêtées à une époque où la valeur prise par les terrains et les bâtiments incitait les propriétaires à vendre. Parallèlement, le développement des moyens de transport a réduit considérablement toutes les activités agricoles artisanales.
Vers l’urbanisation
L’urbanisation de l’île de Migneaux au tout début du XXe siècle est l’illustration d’un phénomène de quête de la nature qui de tout temps obsède l’habitant des villes.
En 1901, le restaurant “Léon” est déjà ouvert sur l’île de Migneaux. Léon Chouquet y exerce le métier d’hôtelier-restaurateur. L’île est accessible par un radeau que clients et nombreux visiteurs empruntent.
En 1903, ce dernier lance la construction d’une passerelle en charpente, afin de permettre un meilleur accès, elle est achevée l’année suivante et sera en service pendant près de 30 ans.
Le courant à haute tension est installé sur l’île en janvier 1930 et le goudronnage de l’avenue réalisé à partir de cette même année. En 1961, à la suite des négociations avec la Ville pour la construction de la piscine municipale, une convention est passée entre la mairie et le SPIM, par laquelle l’entretien de la voirie et du pont, l’élagage, l’éclairage, et l’enlèvement des ordures sont désormais assurés par la Ville. La Ville termine alors le goudronnage de l’avenue jusqu’au fond de l’île.
Espérons que l’île de Migneaux continue à vivre dans nos mémoires telle qu’elle apparaissait aux promeneurs des années 1830 qui, après avoir traversé le pont de Poissy, découvrent ce paysage bucolique, et le décrivent ainsi : les vertes saulées des îles couvertes de pâturages.