Île de Migneaux – Naissance
Pulchritudo terrae
Aqua bella
Et commixta
Insula nascie, island Migneaux*
Elle a la rudesse
Elle a la jeunesse
Elle s’ouvre vers les océans lointains
Elle ramasse les couleurs insensées
Elle est la solitude des recueillements
Elle a la grâce de l’eau et du roc
Elle a mille et un reflets, celui que l’on n’avait pas encore vu
Le soleil et la lune s’y amusent à nous émouvoir
Les couleurs se jouent des nuances infinies
Le vent fait entendre sa douceur et sa force
Alors Sequana devient une mer agitée qui danse et saute
Les orgues basaltiques lointains sonnent, rugissent de plaisir.
La Seine est la composition musicale des mots
Elle ne raconte pas, elle exprime
Elle ne disserte pas, elle chante
Elle ne démontre pas, elle est rythme et cadence
Elle n’est pas une architecture, elle est une chorégraphie
Elle est peut-être un moyen de transport, mais surtout elle Transporte.
Elle est belle, rayonnante, éblouissante, réveille les sens
Participe à décrocher, lâcher-prise, rêver… un rêve éveillé
C’est une partition à lire et relire pour mieux la ressentir, la savourer où mes notes sont des mots
Un jour ou dans la nuit des temps, il y a fort longtemps, une embarcation flottante arriva au pied de cette île,
Un homme mi-homme, mi-singe loin d’un coeur pusillanime
Obvie, gravit, ravi dans une directissime
La longue étendue qui se dressait devant lui.
Arrivé tout au bout, il fut tant ébloui
Par la beauté de l’horizon qui s’offrait à ses sentiments
Que, par le vent flottant, le coeur étourdi encore haletant,
La larme coula doucement sur son rude visage.
Il savait que ce serait là qu’il vivrait, son rivage.
Alors, soudain, mi-ange, mi-nymphe, mi-oiseau, mi-terrien
Il se mit à danser, fondant dans tous ces liens
L’ange toucha le danseur, puis le stoppa, alors cet être indéfinissable se mit à penser, puis rêvant, il songea :
« Dans ce cas, le cas danse en cadence est dense ! » Il se réveilla et rit aux éclats.
Le miracle se perpétue et souvent un homme ou une femme ressentent ce que ce premier homme qui arriva dans ces lieux avait vécu.
Fusse t’il foudroyé de tant de magnificence, il le fallut
comme tous ceux qui se posent dans les mille lieux sur terre
ou la force de création des paysages de la nature émeuvent l’être humain.
Il devait, il doit, il aurait dû, il devra juste s’en tenir à cela…
Ici les mots destruction, malheur et cætera glissent sur l’eau
et s’envolent vers d’autres ailleurs… car
Aux heureux égarés, les étoiles sont des fées
Qui les glissent en soirée, dans les bras de Morphée
Et ces doux « allumés », qui savent bien rêver
A parfois les humer, cent mots sont maux bravés
Lorsque cette île inonde ses lieux de bonté
Chaque être qui s’en approche à satiété.
Grâce à sa grâce,
Grandi en grâce.
Alors bien loin de cette légende, on devine en cherchant, en scrutant l’eau avec intensité, une sirène qui s’ébroue :
Elle chuchote : « Eûtes-vous aimé nager seul en cette eau ? »
Mais elle, cherchant son endroit pas en vain, il vint
Pareil à une nymphe, près d’un petit ravin
Son ravin, alors elle plongea, ne plus revenir
Disparaître, sans doute dans un sublime avenir
Un jour elle nous emportera dans son aire et mers
L’ivresse de son mystère, et elle boira des vers.
Que j’eusse aimé plonger dans ce tendre livret
Cette lumière, belle naïade et « doux ivraie »
Michel Monvoisin
* C’est de la beauté de la terre
Et de la rudesse des attaques de l’eau
Que de ces forces
Naquit l’île, l’île de Migneaux